Camaleon

4 décembre 2006 | 3 commentaires
Camaleon

Le jeune Jean-Pierre, de Cachan, m’écrit pour signaler le passage de son groupe au prestigieux « festival Emergenza ». Voilà un souvenir fort en rapport avec le groupe qui me donne l’occasion de la ramener.

D’abord quelques mots sur le festival, et ensuite une petite analyse de ce qu’on en avait pensé – le groupe y a participé en 1998, tout ce que je vais donc dire se rapporte à cette époque sans présumer du fonctionnement actuel, même si je ne pense pas que ça ait beaucoup changé.

D’abord, et c’est ce qui saute aux yeux quand on y repense : ces mecs ont un business plan en béton armé, ils ont créé une véritable machine a faire de l’argent tout seul. Comment ? En jouant sur l’ambiguité concours/festival  : ils organisent ce qu’ils appellent un « festival », mais qui est en fait un pur et traditionnel concours de groupes (aussi appelé tremplin), à l’inscription (un peu) payante. A chaque tour (un tour = un concert avec une dizaine de groupes), le public vote à main levée (il faut voir ça dans une salle de plus de 800 places pour apprécier la vraie valeur du décompte) et selon le nombre de votes 2 ou 3 groupes passent au tour suivant. Evidemment les groupes qui ont ramené le plus de leurs copains passent au tour d’après, c’est fait pour ça, on veut remplir. Un petit point un peu limite au niveau artistique, en plus du manque de préparation des techniciens, c’est que tous les styles sont mélangés, d’où même en dehors du nombre de copains votants, on a parfois du mal à voir pourquoi c’est le groupe de rap qui arrive avant le groupe de métal. Enfin c’est un peu injuste mais c’est la vie, et puis ce n’est pas ça qui les intéresse vraiment : là où c’est franchement génial (commercialement) c’est qu’ils demandent aux groupes de faire la promo des concerts ET de vendre les billets (avec un léger bénéfice pour les groupes, qui doivent en échange avancer l’argent, et si ils n’ont pas vendu tous les billets eh bien tant pis c’est pour leur poche – dans notre cas un peu plus de 8000 F – 1200 € pour nos amis qui n’ont pas connu l’époque du président Giscard). Si on réfléchit un peu en terme « métier » : ce sont les groupes eux-même qui couvrent les risques de billetterie, en plus de n’être pas rémunérés pour la prestation. Je n’ai pas dit que c’était génial ? Eux se chargent de louer la salle et d’embaucher des techniciens, et il ne reste plus qu’à empocher l’argent.

Pour la petite histoire : après 2 tours au Gibus, une demi-finale au New Morning et une finale à l’Elysée Montmartre, le jeune groupe Caméléon est arrivé 2e. Sur plus de 500 groupes, c’était pas si mal non ?

A l’époque il n’y avait pas de prix à gagner, enfin si le grand prix était un concert tous frais payés dans la belle ville de Milan (« tous frais payés » signifiant bien que le goupe serait logé et n’aurait pas à payer l’entrée de la salle où il allait jouer, mais qu’il ne fallait pas non plus imaginer un quelconque cachet pour le concert). Le premier groupe ayant dû décliner, on avait même failli y aller, mais finalement non.

En tous cas mes félicitations à eux pour avoir trouvé un business aussi profitable.

Maintenant, qu’est ce que ça a donné pour le groupe ? Si globalement on se demandait en permanence si on n’était pas en train de participer à une gigantesque arnaque (à l’italienne bien sûr), on était tous super content. Pourquoi ? Parce que pour la première fois, on avait été conscients de notre existence en temps que groupe public, on avait pris notre téléphone et on avait appelé des gens pour leur dire « hey les gars, on est un groupe, on s’appelle Caméléon et on existe, venez nous voir sur scène c’est bien ».

On avait aussi préparé des concerts pour des grandes salles, appris à bouger sur scène (non ça ne se passe pas pareil sur les scènes habituelles des groupes débutants – 8 m2 quand on a de la chance – et sur la scène de l’Elysée Montmartre – comment, on peut avoir trop de place sur scène ?!). Le format des chansons – très minuté c’est normal, c’est un concours – à revoir, des performances identiques d’une fois sur l’autre, bref un gros travail fut fait sur le fond et la forme. Il faut penser à la communication, appeler les radios, dessiner et produire des affiches qui aient l’air de quelque chose. Pour la première fois il se passait quelque chose d’un tout petit peu pro.

Je ne conseille à personne spécialement de se lancer là-dedans – c’est le lac aux requins. Mais nous, à la réflexion, ça nous a bien servi et la confiance en nous qu’on a eue plus tard venait en partie de là, le travail technique qu’on avait fourni et le succès public après.

N.B.: une anecdote nulle donne souvent l’occasion de caser une photo nulle : jusqu’au bout ni Massimo – le parrain qui chapeautait tout ça à l’époque – ni le reste de l’organisation italienne au français hésitant n’avait réussi à prononcer ou écrire une fois correctement le nom du groupe, faut dire que Caméléon c’est pas facile à articuler.

3 commentaires »

  1. Oué ya un mec ki en a parlé la aussi: http://www.lorgane.com/my/emerganza.html

    Commentaire by jerome — 4 décembre 2006 #

  2. Salut à toi ami musicien,
    Je représente le groupe 2Lamour avec une proposition d’Emergenza… C’est alléchant, des dates parisiennes….!
    Peux-tu m’en dire plus en privé sur ce festival avant que l’on s’inscrive.
    merci à toi.
    A+ Béné

    Commentaire by 2lamour — 16 décembre 2010 #

  3. Bonjour Béné

    je n’ai rien de plus à ajouter en privé à ce que j’ai écrit ici… bonne chance à vous si vous vous lancez !

    Commentaire by Colin — 29 décembre 2010 #

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